Test : Shadow of the Collosus 2018
Un remake qui fait du bien
Titre phare de la ps2, Shadow of the colossus a beaucoup fait parler de lui et nous a permis de découvrir le travail atypique de Fumito Ueda et sa vision si particulière du média. Il vend son oeuvre comme une forme d'art et cherche avant tout à conter une expérience onirique qui transporte le joueur. Malgré un concept original, le titre souffre grandement des limitations techniques de la ps2 (framerate qui tombe sous les 15 fps, textures baveuses) et ceux malgré une direction artistique sublime. L'idée d'un remake, qui est plus un remaster technique appronfondi, est une très bonne idée de la part de Blue Point afin d'apprécier cet opus dans les meilleurs conditions possibles. Mais l'expérience vaut-elle toujours le coup aujourd'hui ?
Une technique sans pareille
Framerate stable, paysage sublime, DA conservée et embellie. Blue point n'a pas à rougir de son remake graphique complet qui propose une expérience propre. Le jeu reflète la beauté limitée de l'opus ps2 et va au délà. Le tout à un tarif de lancement de 30$. Ce qui est plutôt honnête de la part de l'éditeur.On prend un réel plaisir à admirer les paysages et à s'émerveiller durant toute l'aventure. La bande originale est légérement retravaillée. C'est encore meilleur avec un casque. On salue ici le travail de Blue Point qui est remarquable. Toutefois, le jeu est lock à 30 fps, 60 aurait été plus que confortable, mais surement impossible à avoir sur ps4 slim et fat. On note également une caméra moins capricieuse. La physique en revanche, est plus que douteuse. Le gameplay reste lourd, aucune amélioration de ce côté là.
Au pays des rêves
L'expérience Shadow of the colossus est unique en son genre. Une narration simple qui ne se dévoile qu'en début et fin de partie. Elle se délivre également au cours de notre aventure, de façon plus discrète à travers le comportement des colosses, l'évolution du visage du protagoniste, le ton de la voix qui nous guide et sa façon de nous parler etc... Tant de choses qu'on ne comprendra qu'à l'épilogue de notre épopée. Cet aspect se marie très bien avec le travail sonore de Kow Itani qui nous transporte. Et ça marche, la magie opère dès le premier colosse. On ressent directement la dimension épique qui s'en dégage. Le colosse nous toise de part sa taille gigantesque. Tout d'abord docile, il nous fonce dessus dès lors qu'on l'attaque .A nous de l'escalader et de trouver son point faible afin d'en venir à bout. On est littéralement que très peu de chose dans ce monde si vaste, et cela se ressent à la fois lors de notre traversée à cheval de vastes plaines et deserts à couper le souffle mais aussi lors de chaque affrontement face aux colosses, au nombre de 16. L'ambiance qui s'en dégage est sublime. Sauf que, très vite, la magie se tarit.
Proposer un monde si vaste en 2005 sur PS2 était époustouflant pour l'époque. Se balader et ressentir la solitude du héros, qui malgré sa faiblesse est prêt à tout pour sauver sa défunte âme-soeur, tout cela nous faisait vibrer. Le remplissage de la carte et ne pas rendre les colosses accessibles dans n'importe quel ordre n'était pas un problème. Seul sa technique déplorable et son framerate saccadé rendait le jeu à la limite de l'injouable. C'était assez frustrant et il fallait s'armer de patience pour venir à bout de l'opus. Le remake sonne comme une bonne nouvelle sauf que plus de 15 ans ont passé. Et c'est là tout le problème.
En effet, la qualité des colosses décroît fortement en milieu d'aventure. La boucle de gameplay ne se renouvelle pas assez pour continuer à captiver son joueur sur une durée qui semble s'allonger (alors que le jeu se finit en 7 heures). Le schéma est simple : on suit la lumière du soleil qui nous amène au colosse , on le découvre puis on doit résoudre "l'énigme" qui nous permettra de le battre. Il faut aborder une certaines stratégie sur chaque colosse afin d'y venir à bout, le tout dans un monde vaste mais vide, dénué d'exploration : pas de réel quête annexe ajoutée, pas de lieu de recueil afin de découvrir des passages sur l'histoire du monde qui nous entoure, pas d'animaux sauvages dans la végatation. Rien. Le côté épique s'amenuise jusqu'à ce qu'occire un colosse devient banal. La caméra et les contrôles hasardeux nous achèvent presque, l'expérience nous frustre peu à peu. On omettra de parler de Aggro le cheval qui est à la limite du maniable (même si c'est un des rares jeux qui prend le parti de nous faire jouer quelqu'un sur un cheval et pas l'étalon en lui même)
Bien que l'aventure regagnent en interêt vers les derniers boss qui nous donnent du fil à retordre, le colosse final est une déception. Néanmoins, la parfaite et tant saluée fin fait remonter le jeu dans notre estime.
Les plus
- Gigantisme bien retranscrit
- Direction artistique et travail graphique de qualité
- Musiques de Kow Otani si belles et puissantes
- Expérience remake/remaster très appréciable au vu de la qualité technique déplorable de l'opus ps2
- Prix de lancement attractif
Les moins
- Une caméra aux fraises
- Aggro est inmaniable
- Un concept redondant qui lasse assez vite le joueur
- Une qualité des colosses très variables